jeudi 12 février 2009

Tunisie : Les banques peu portées sur le financement des TIC.

Malgré son poids dans l’économie de la Tunisie (10% du PIB), le secteur des TIC (à ne pas confondre avec les vendeurs du hardware implantés en Tunisie) souffre encore du manque de financements en comparaison avec d’autres secteurs (industrie, agroalimentaire ou tourisme). Souvent en effet, les demandes de crédits sollicités auprès des banques tunisiennes pour financer des projets dans ce domaine, sont refusés pour cause « la tangibilité du projet ». La faute à qui alors? Est-ce que c’est le promoteur du projet qui n’a pas su convaincre la banque ou bien les responsables des directions centrales de financement au sein des établissements de crédit qui ne sont pas up-to-date s’agissant de l’innovation de tous les instants qui est celle du secteur des nouvelles technologies ?. Et dans ce cas comment l’Etat pourra atteindre l’objectif de 13,5% en tant que part des Tic dans le PIB en 2011 ?.

A cet égard, une rencontre sur le thème « le financement des PME en TIC » a eu lieu, cette semaine, au pôle El Ghazala en vue de mieux faire connaître les mécanismes de financement offerts par le secteur bancaire au profit des promoteurs qui opèrent dans l'immatériel, rencontre organisée par l'Amen Bank. S’agit-il d’un signe fort de la banque en vue de se lancer dans le financement des Tic ou bien d’une réunion ne dépassant pas le cadre des séminaires d’animation programmés par le pole El Ghazala. Car de l’avis de ses responsables, Amen Bank, qui parraine depuis 2006 le Pôle El Ghazala et est actionnaire aux technopôles de Sidi Thabet et de Sousse, n’a financé en total qu’à peine une dizaine de projets dans les nouvelles technologies.

Crédits à court, moyen et long terme.

Les banquiers qui intervenaient dans le cadre de cette journée ont souligné que les PME tunisiennes, actives dans le domaine des TIC, ont la possibilité de financer leurs projets, soit par des opérations en capital, soit par endettement bancaire. Au nombre des mécanismes de financement par fonds propres, les conférenciers ont cité les fonds d'amorçage (structure qui accorde un financement à la PME avant même le démarrage du projet), les Sociétés d'investissement à capital risque (SICAR), le Régime d'incitation à l'innovation dans les TIC (RIITI) et les fonds d'essaimage.

S’agissant du financement bancaire (établissements de crédit ou BFPME), il touche au financement des achats (financements de stock, lettre de crédit, financement en devises), au financement des ventes (escompte, préfinancement export, mobilisation de créances nées sur l’étranger) et ou au financement de marchés (cautions, préfinancement de marché, avances sur décomptes).

Pour ce qui est du financement à moyen et long terme, la banque peut aller jusqu’à 70% du total des investissements du projet sur une durée de 7 ans dans le cas de financement par moyennant les ressources propres de la banque mais sur une période plus longue en cas d’imputions d’une ligne de crédit extérieure.

Seulement 11% des projets dans les TIC financés par la BFPME.

Des experts du domaine affirment que les banques tunisiennes, qui ont commencé à appliquer les règles de Bâle II, au mois de novembre 2008, n’ont aucune raison de ne pas se lancer dans le financement de projets, tous secteurs confondus, en particulier les Tic, d’autant moins que ce secteur joue un rôle important dans la promotion d'une véritable industrie bancaire et que la révolution numérique a déjà permis de promouvoir de nouveaux produits financiers, tels que la banque virtuelle, le e-commerce et les paiements électroniques.

En effet, les règles de Bâle II visent à maîtriser et à gérer au mieux les risques bancaires, et ce, à travers le respect d'un ratio de fonds propres fixé par le comité de Bâle. Un tel choix exige des banques d'utiliser les TIC pour s'approvisionner à l'extérieur et pour sous-traiter une partie de leurs activités.

Question garantie, parmi les dernières mesures annoncées pour encourager le secteur bancaire à fournir les financements nécessaires aux PME sous forme de fonds de roulement en vue de financer leurs projets,figure la mise en place d’une ligne de garantie d’un montant de 25 millions de dinars. (Cette ligne est placée auprès de la Société tunisienne de garantie (SORUGAR).

Selon les chiffres officiels, seuls 11% des projets dans le domaine des TIC ont bénéficié du total des financements de la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME) contre 25% prévus.

Les promoteurs de projets Tic, présents à cette rencontre, ont appelé le système bancaire en Tunisie à accompagner les exigences de la nouvelle économie du savoir et à fournir aux chefs d’entreprises des financements appropriés.

« Nous constatons que les banques sont toujours réticentes par rapport au secteur des TIC. Il faut donc qu'elles investissent dans l'immatériel avant d'exiger des garanties matérielles. Les banques doivent, dans cette optique, prendre plus de risque dans le financement des projets porteurs, en particulier dans les TIC. Il est important de rappeler que ce genre d'investissements engage des sommes importantes, et le retour sur investissement n'est pas immédiat », a précisé un jeune promoteur installé au pôle.

Il a ajouté que « 90% de l'investissement d'une SSII est constitué de salaires des ingénieurs et non de machines, locaux ou matières premières, donc les SSII ont beaucoup plus besoin d'un financement en fonds de roulement plutôt que d'un capital de démarrage. Un capital, même de 10.000 dinars est largement suffisant pour une SSII, mais qui doit parfois investir 2 à 3 millions de dinars pendant au moins 3 ans pour développer un produit logiciel, donc payer des salaires sans le moindre revenu, puis commencer à le commercialiser au bout de 3 à 4 ans. Et ceci, les banques n'acceptent pas de le financer. Actuellement aucune banque commerciale de la place ne finance un contrat de développement logiciel, ou de service, sans une garantie réelle, et les SSII souffrent beaucoup de cette incohérence bancaire et de cette frilosité, ce qui explique le retard de développement du secteur ».

Le débat a porté pour l'essentiel sur les actions futures à mener par le secteur bancaire, en général, et Amen Bank en particulier, en vue de réduire les appréhensions des investisseurs, suite à l'actuelle crise internationale, le statut juridique de l’entreprise et le droit aux crédits ainsi que les sociétés non résidentes et l’accès aux financements.

A ce titre, les représentants d’Amen Bank ont précisé que la stratégie mise en place pour développer la gamme PME au niveau de leur banque porte notamment sur la participation aux « Mercredis de l’Entreprise » afin d’assister et orienter les promoteurs s’ils ont un projet intéressant et bancable, la collaboration avec les structures d’appui (API, APIA,…) et la présence au niveau des pépinières d’entreprises.


Source: http://www.africanmanager.com/

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